| Devise | Donner valeur de loi au devoir de sauver les vivants |
| Date de création : | 1984 |
| Président : | Odile Biyidi Awala |
| Ancien Président : | François-Xavier Verschave |
| Nombre d'adhérents : | 1600 (2007) |
| Siège : | Survie 210 rue St Martin 75003 Paris |
| Site Internet : | www.survie-france.org |
Survie est une association française créée en 1984, et présidée par Odile Tobner depuis le 17 septembre 2005. À l'origine composée d'une association unique, on distingue aujourd'hui Survie France des différentes associations locales (régionales ou départementales) telles que Survie Rhône, Survie Isère, Survie Paris-Île de France, Survie Bas-Rhin, etc. L'association déclare 1600 cotisants, une centaine de militants et cinq salariés.
Survie est membre fondateur de plusieurs associations : Biens Publics à l’Échelle Mondiale et lObservatoire de la coopération française (groupe de recherche qui n'a plus d'activité), d'ATTAC notamment. Elle est aussi membre d'autres associations comme le Centre de recherche et d’information pour le développement, de plusieurs collectifs ayant des objectifs clairement politiques, comme la commission d'enquête citoyenne sur l'implication de la France au Rwanda ou la coalition des ONG pour la Cour pénale internationale [#].
Le thème privilégié de Survie est la « Françafrique », terme tiré du titre d'un des livres de François-Xavier Verschave, « La Françafrique, le plus long scandale de la République », paru en 1998. Mais, s'il l'a popularisée sous forme d'un jeu de mot (la France à fric), François-Xavier Verschave a pastiché Félix Houphouët-Boigny qui est le véritable créateur de cette expression, la France-Afrique, qui désignait alors dans sa bouche les relations cordiales entre la France et ses anciennes colonies.
Objectifs statutaires
Les objectifs officiels de l'association sont :
- Promouvoir l'accès de tous aux biens publics mondiaux
- Ramener à la raison la politique africaine de la France
- Combattre la banalisation du génocide
Inspiration et actions
L'origine
Le déclencheur de la fondation de cette association fut l'appel de prix Nobel, qui en 1981 ont rappelé les souffrances des populations du tiers-monde.
Voir historique sur le site de Survie-France.
Au cours de son évolution, Survie a trouvé dans la culture française des références philosophiques, comme cette phrase de Montesquieu mise en entête de Françafrique : « Si je savais quelque chose qui fût utile à ma patrie et qui fût préjudiciable au genre humain, je la regarderais comme un crime ». Survie se définit elle-même comme une « campagne de citoyens » qui doit interpeller les pouvoirs publics sur les responsabilités présumées de la France, ou tout le moins de réseaux politico-affairistes, dans la conduite de sa politique en Afrique. À l'origine l'association avait pour unique objectif de promouvoir une autre coopération pour le développement.
La loi pour la survie et le développement
Ayant obtenu le soutien de 8500 maires de France, Survie obtint l'engagement écrit de plus des deux tiers des députés de deux législatures consécutives pour un projet de loi pour la Survie et le développement, préparé finalement par cinq groupes parlementaires. En mai
1988, 330 députés et 136 sénateurs ont signé cet engagement. Au cours de la législature suivante, Survie annonce en juillet-août
1989 annonce 353 députés signataires et le texte de 4 propositions de lois identiques pour la survie et le développement (PCF, RPR,
UDC, et UDF). Les propositions de loi sont enregistrées ensemble à l' Assemblée nationale française le 26
Mai 1989 par les députés Jean-Pierre Delalande (RPR), Denis Jacquat (UDF), Jean Paul Fuchs (UDC) et Théo Vial-Massat(PC).
En octobre 1991, le bulletin de Survie annonce que Jean-Marie Daillet (NI) a déposé une cinquième proposition de loi identique, et qu'une sixième est en cours de dépôt par MM Jean-Michel Belorgey, Jean-Pierre Luppi et Mme Marie-Noelle Lienemann. Le 14 octobre 1992, 26 députés sont présents à un rassemblement organisé par Survie à l'Assemblée nationale et animé par Bruno Masure.
Ce projet n'a jamais abouti. D'après l'association, qui affirme que 80% des députés étaient favorables au projet de loi, la Cellule africaine de l'Elysée serait à l'origine du blocage de ce projet. Elle en a conclu que le pouvoir législatif se laissait déborder par le pouvoir exécutif (alors représenté par François Mitterrand), ce qui pose selon elle problème pour la démocratie en France. Depuis, selon les propres termes de l'association, sa perspective s'est renouvelée, et elle "estime que le concept d'aide est disqualifié, qu'il faut désormais parler de l'universalité des droits de l'homme, montrer l'immense avantage d'une dilatation des biens publics à l'échelle mondiale."
Le tournant de 1993-1994 à propos du Rwanda
Début 1993, un an avant le génocide au Rwanda, Jean Carbonare, alors Président de Survie, avait été enquêteur de la commission parrainée par la Fédération internationale des droits de l'homme, Africa Watch, l'UIDH (Ouagadougou) et le CIDPDD/ICHRDD (Montréal). Cette commission avait enquêté au Rwanda, puis publié un rapport dénonçant les prémisses d'un génocide. Jean Carbonare intervint au journal de 20 heures avec Bruno Masure pour alerter les Français sur ce risque (voir la 4e partie de l'article sur les critiques formulées contre cette commission).
Le Génocide au Rwanda marque un tournant pour l'association qui veut dorénavant démontrer jusqu’à quels désastres la politique de la "Françafrique" peut conduire selon elle. Les membres de l'association publieront plusieurs livres afin d'exposer leurs thèses. Début 1998, à la suite d'articles de Patrick de Saint-Exupéry parus dans Le Figaro, la mission d'information parlementaire sur le Rwanda est crée. Survie demande une commission d'enquête (aux pouvoirs plus étendus) plutôt qu'une mission d'information.
En 2004, Survie invite plusieurs associations et personnalités à créer une commission d'enquête citoyenne sur l'implication de la France au Rwanda. Après avoir fait une enquête documentaire et sur le terrain pendant plusieurs mois, cette commission entend pendant une semaine des témoins, des experts, des journalistes et l'un des rapporteurs de la mission parlementaire. Tous les responsables français, civils et militaires, que l'association pense liés à la politique de la France au Rwanda ont reçu une invitation à témoigner devant cette commission par lettre recommandée.
La dénonciation des fraudes électorales dans le « pré-carré français »
Le Togo
Le Tchad
Soutien à la RFI des Comores
Survie, comme l'
Union africaine, dénonce également la départementalisation de
Mayotte, qui selon le droit international, fait partie de l’
Union des Comores.
L'assemblée générale de l'ONU a de nombreuses fois condamné la présence française à Mayotte. S'en faisant l'écho,l'association juge en effet que les référendums par lesquels les Mahorais ont choisi de rester français ne sont pas légaux.
L'association dénonce aussi, faute de d'obtenir la cession de Mayotte aux Comores, la suppression du visa entre les Comores et Mayotte, qu'elle prétend illégal puisque selon Survie, les Comoriens ne franchissent aucune frontière en se rendant à Mayotte.
L'association a également affirmé que l’expulsion des clandestins comoriens devrait être qualifié de "crimes contre l'humanité" devant la Cour pénale internationale.
Elle regrette également l'implication française dans les coups d'états répétés en République des Comores (Cf procès de Bob Denard).
"Les dossiers noirs de la politique de la France en Afrique"
Les dossiers noirs sont des publications de l'association Survie en collaboration avec Oxfam France-Agir ici. Le premier volume a pour thème le génocide au Rwanda. Plus d'une vingtaine de dossiers suivront, tous sur des problèmes africains où l'association estime que la France est impliquée d'une manière ou d'une autre. Ils seront repris et développés dans divers ouvrages de François-Xavier Verschave. L'association étudie ce qu'elle estime être des relations mafieuses entre la France et ses anciennes colonies africaines et mène diverses campagnes d'information sur ce thème.
L'Affaire Elf, le comportement d'autres multinationales d'origine française et leurs interactions avec la politique française en Afrique, sont suivis par l'association. Les dictateurs et les mercenaires, qui d'après l'assocation sont soutenus par la France, sont montrés du doigt. Les paradis fiscaux apparaissent d'après Survie comme un pivot de cette dimension mafieuse des relations entre la France et ses anciennes colonies.
"Billets d'Afrique et d'ailleurs"
Créé en 1993, Billets d'Afrique et d'ailleurs est le bulletin mensuel d'information de l'association sur les avatars de la politique africaine de la France et l'actualité des relations franco-africaines
Autres positions de l'association
- Solidarité envers les luttes contre les expulsions des «sans papiers», phénomène que l'association considère comme le reflet d'un désordre politique et économique ;
- Établissement de liens avec les organisations non-gouvernementales qui militent pour l'établissement d'une organisation politique, sociale et économique de l'humanité, renforçant les états de droit des pays pauvres face à la mondialisation, ce qui implique une participation au mouvement altermondialiste
- Collecte de témoignages concernant les crimes de la politique de la France en Afrique, et les dictatures françafricaines
Les principaux événements de l'histoire de Survie
- 1984 : Création de Survie-France
- 1987-1992 Travail avec les parlementaires français sur un projet de loi pour la survie et le développement qui redéfinissait la coopération française. Publication du Point sur la loi pour la Survie et le développement.
- 1993 : Début de la publication du mensuel Billets d'Afrique et d'ailleurs
- 1994 : Création de l'Observatoire permanent de la Coopération française (OPCF) par Survie. Dénonciation de la « complicité » supposée de la France dans le Génocide au Rwanda. Organisation à Biarritz d'un contre-sommet à l'occasion du XVIIIe sommet franco-africain.
- 1995 : Survie et Agir ici publient 6 « Dossiers noirs » (à voir sur le site). Rédaction d'une nouvelle charte de Survie.
- 1998 : Survie organise une manifestation au Trocadéro (peu d'échos dans la presse - il en reste des images Vidéo) .
- 2000 : Création de l'association « Biens publics à l'échelle mondiale ».
- 2001 : Procès à la 17e Chambre correctionnelle du TGI de Paris : Omar Bongo, Idriss Déby et Denis Sassou-Nguesso poursuivent François-Xavier Verschave et Laurent Beccaria (son éditeur) pour « offense à chef d'État étranger » à propos de passages de Noir Silence.
- 2002 : La Cour d'Appel de Paris déclare FX. Verschave et L. Beccaria non coupables du délit d'offense à chefs d'État.
- 2003 : Survie organise avec Agir Ici « Un autre Sommet pour l'Afrique ».
- 2004 : Création de la Commission d'enquête citoyenne sur l'implication de la France dans le génocide au Rwanda. (Commission non officielle).
- 2005 : Survie envoie des observateurs lors de l'élection présidentielle du Togo. Publication de Negrophobie par trois militants. Décès de son président François-Xavier Verschave. Contre-sommet de Bamako organisé avec la société civile du Mali et des participations de celles de plusieurs pays de l'Afrique de l'Ouest.
- 2006 : Restructuration interne de l'association et redéfinition de sa stratégie dans le cadre de ses objectifs statutaires.
- 2007 : Survie organise avec une dizaine d'associations le « sommet citoyen France Afrique » et puinlie avec la Plate forme France Afrique "Le Livre Blanc pour une politique de la France en Afrique responsable et transparente
Fonctionnement et organisation de l'association
Adhésion
Comme dans la plupart des associations, l'autorisation du conseil d'administration de l'association régionale est nécessaire pour devenir membre. Ce conseil d'administration peut exclure les adhérents qu'il juge avoir une attitude ou une action portant préjudice à l’association ou contraire à ses objectifs par une majorité des deux tiers.
Conseil d'administration
Les conseils d'administration sont élus par les adhérents. Les conseils d'administration désignent par la suite les responsables locaux des associations.
Ressources
L'association vit des cotisations de ses adhérents, des droits d'auteur des ouvrages de François Xavier Verschave, de ventes de petites publications pédagogiques réalisées par ses salariés et de produits dérivés (CD "Africa wants to be free" et "Décolonisons" compilés par une quinzaine de groupes de musiques français et africains, tee shirts), et de dons de particuliers.
Les procès
Plusieurs procès ont été conduits contre son président ou des militants.
- Un procès a été gagné par Charles Pasqua en 1999. François-Xavier Verschave fut condamné à payer un franc symbolique. La cour ayant argumenté que l'accusation portée contre Charles Pasqua dans son livre La françafrique, concernant l'affaire Carlos, était de la responsabilité de l'ensemble du gouvernement dont il faisait partie et non de Pasqua seulement. Le tribunal nota simplement que Verschave « a manqué à son obligation de prudence » en personnalisant « la responsabilité politique de la France et présentant Monsieur Pasqua, Ministre de l'Intérieur, comme complice des crimes les plus abominables ».
- Le procès le plus connu, lié au livre Noir silence et relaté dans Noir procès, a été intenté en 2001 par trois chefs d'États africains « amis de la France », Omar Bongo (Gabon), Idriss Déby (Tchad), Denis Sassou-Nguesso (Congo), pour offense à chef d'État étranger contre François-Xavier Verschave et Laurent Beccaria, directeur de la maison d'édition les Arènes . Défendus par maître Jacques Vergès, les trois chefs d'État se sont inclinés devant la justice française en première instance et ont été déboutés en appel sur le fond et sur la forme. En effet, la cour a disposé que pour se conformer à la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme, le délit d'offense à chef d'État étranger doit être constitué d'une intention délictueuse, qui n'a pas été démontrée. Néanmoins, si la cour est restée prudente sur la véracité des faits rapportées par la défense, elle a reconnu le « sérieux des investigations effectuées », rappelant qu'il s'agissait d'« un ouvrage militant » dont « les allégations [...] doivent être accueillies avec prudence ». Les avocats William Bourdon, Antoine Comte, Francis N’Thepe ont défendu François-Xavier Verschave, qui a rappelé la proximité du délit d'offense à chef d'État étranger avec le crime de lèse-majesté en vigueur sous l'Ancien Régime. Laurent Beccaria était défendu par Vincent Toledano. Les chefs d'États déboutés ont préféré ne pas porter l'affaire en Cassation.
- Jean Paul Gouteux, militant de Survie depuis 1994 et auteur du livre «Un génocide secret d'État», fut poursuivi en justice par Jean-Marie Colombani directeur du journal Le Monde et Jacques Isnard journaliste spécialisé dans les questions militaires au même journal. Il les avait qualifiés dans son oeuvre d'«honorables correspondants des services français» à propos de la façon dont ils avaient traité le génocide au Rwanda dans les colonnes du journal. L'accusation sera déboutée en première instance et en appel par le tribunal de Paris en 2000. La cour de cassation a cassé le jugement d'appel en janvier 2004 et renvoyé à nouveau l'affaire devant la cour d'appel qui a statué le 29 mars 2006 en déboutant à nouveau les plaignants.
La perception de Survie dans la société française
Les associations et personnalités qui soutiennent ou coopèrent avec Survie
- Le chanteur Tiken Jah Fakoly, ayant nommé son album Françafrique en hommage au livre de Verschave.
- Le parti des Verts est généralement favorable aux idées de Survie. Plusieurs élus Verts sont membres de l'association, et le parti a régulièrement réclamé un éclaircissement sur la politique africaine de la France.
Le thème traité par Survie concernant la fin de la « Françafrique » est repris par des partis politiques, de droite comme de gauche. Le dernier exemple est dans les déclarations du candidat puis Président de la République Nicolas Sarkozy, en 2007 puis 2008, confirmées par le ministre de la coopération d'alors, Jean-Marie Bockel.
Les critiques contre Survie
Les critiques contre Survie portent aussi bien sur des points précis tels qu'une éventuelle imagination de complots, ou une éventuelle défense du FPR, mais aussi sur des critiques plus évasives («
Tintin au Congo »).
En demandant un débat et un contrôle parlementaire sur la politique étrangère française et a fortiori sur l'action de la France en Afrique, Survie ne suscite pas l'unanimité. Si des hommes politiques lui font des procès, des journalistes et des spécialistes de l'Afrique critiquent sa vision des faits, et une partie d'entre eux parlent de désinformation. Son engagement, ses dénonciations de ce qu'elle perçoit comme des dérives de l'exécutif français, de la discrète "cellule africaine de l'Elysée" et des dictateurs de la « Françafrique » suscitent des critiques parfois vives dans la presse en marge des procès. Une autre critique consiste à affirmer que la façon dont Survie stigmatise la politique française reviendrait à exonérer les Africains de leurs propres responsabilités.
Stephen Smith, Filip Reyntjens, Pierre Péan, Charles Onana, Claudine Vidal, André Guichaoua et le colonel Jacques Hogard figurent parmi les détracteurs de Survie.
Survie serait accusée d'imaginer une théorie de complot
Survie et François-Xavier Verschave ont été longtemps accusés d'être sous l'emprise d'une
Théorie du complot en dénonçant le système de la
Françafrique qu'ils auraient fantasmée.
Pierre Péan reproche à Survie de raisonner avec des concepts hérités des années 1960 : le concept de néocolonialisme, « s'il est séduisant de premier abord, ne décrit pas les réalités par essence mouvantes ; surtout, il ne tient aucun compte de l'évolution des rapports entre la France et ses anciennes colonnies. Car Jacques Foccart est mort, Pasqua n'est plus aux manettes, et l'affaire Elf appartient au passé. Qui connaît aujourd'hui le nom du Monsieur Afrique de l'Élysée ? ». Cette vision de vouloir personnifier la « Françafrique » n'émane que de Pierre Péan : Survie de son côté a cessé depuis plusieurs années de voir la marque d'un seul et unique homme dans les relations franco-africaines.
L'engagement de Survie vis-à-vis du génocide rwandais
Survie estime que toutes ces critiques concernent particulièrement son engagement sur le Rwanda. Ainsi Stephen Smith qui avait des relations cordiales avec François-Xavier Verschave jusqu'en juillet 1994, l'a violemment combattu à partir de la publication son livre
Complicité de génocide en particulier dans un article de Libération du 7 novembre 1994.
Stephen Smith écrit en 1994 un article dénonçant l'association Survie, après les évènements du Rwanda.
En 1995, Jean Carbonare, en désaccord avec un article du journaliste sur les évènements de Kibeho au Rwanda, l'interpella : « Monsieur Smith, vous n'êtes pas un journaliste honnête. [...] Pour qui travaillez-vous, monsieur Smith, et où voulez-vous en venir ? Grave question. » .
Après la publication par Stephen Smith de Négrologie : pourquoi l'Afrique meurt , dans lequel il affirme que le rôle des pays occidentaux dans le dénuement de l'Afrique est exagéré, et que les caractéristiques sociologiques africaines seraient les principales responsables de ce sous-développement, Boubacar Boris Diop, Odile Tobner et François-Xavier Verschave présentent en juin 2005 un livre-réponse à Négrologie : Négrophobie - Réponse aux « négrologues », journalistes françafricains et autres falsificateurs de l'information . Dans ce livre les auteurs dénoncent « les mensonges de la françafrique » et ses acteurs médiatiques français qui étoufferaient la conscience politique française. Stephen Smith, qui entre temps a écrit Comment la France a perdu l'Afrique, serait l'un des « ingénieurs de l'âme » qui réveille les vieux clichés coloniaux et est accusé de mépris raciste à l'égard des Africains.
Jean Carbonare fut président de Survie jusqu'en 1995. Ayant trente ans d'expérience comme responsable de projets de développement en Afrique, il quittera la présidence de l'association après le Génocide au Rwanda pour partir alors au Rwanda, se mettre au service de Pasteur Bizimungu, premier président de la République du régime FPR, pour construire des logements selon Survie, ou comme « conseiller spécial » en remerciements de « services » de propagande en France pour le compte du FPR selon Pierre Péan.
Jean Barahinyuta, commissaire du FPR à l’Information et à la Documentation pour l’Europe en 1990 et 1991 a déclaré à M. Péan que « Carbonare était la personne clé du FPR en France, qui travaillait en liaison avec Immaculée Mukakimanuka ». Jean-Marie Vianney Ndagijimana, ministre des Affaires étrangères du Rwanda entre juillet et octobre 1994, a confirmé et précisé : « Carbonare a été l’oeil de Kagame auprès de Bizimungu et des membres du gouvernement qui ne faisaient pas partie du premier cercle de Kagame. » .
Durant sa présidence chez Survie et après le génocide, Jean Carbonare n'aura de cesse d'affirmer la responsabilité de la France dans le génocide. Il aurait été également un défenseur du FPR et un des plus farouches opposants aux thèses (comme celle de Pierre Péan) qui affirment qu'il y aurait équivalence entre les violences envers les Hutu de la part de Tutsi et le génocide planifié.
Les africanistes Claudine Vidal (directrice de recherches émérite au CNRS) et André Guichaoua (professeur à Paris-I-Sorbonne, témoin-expert près le TPIR) dénoncent la défense systématique du régime FPR par Survie et certains de ses sympathisants .
M. Guichaoua a également signé une tribune dans Libération avec Stephen Smith pour défendre le livre de Pierre Péan, approuvant notamment la dénonciation de la partialité dont ferait preuve Jean Carbonare.
D'éventuelles erreurs d'appréciation des faits
En octobre 2005 le Colonel
Jacques Hogard, ancien commandant de la zone Sud de l'
Opération Turquoise, affirme affirme dans
Les larmes de l'honneur, 60 jours dans la tourmente du Rwanda que le livre de François-Xavier Verschave
Complicité de génocide ? la politique de la France au Rwanda est « malhonnête ». D'autres auteurs, dont Survie cite souvent les travaux, sont aussi éplinglés, notamment les journalistes Patrick de Saint-Exupéry du
Figaro et
Colette Braeckman, du quotidien belge
Le Soir.
Un soutien trop engagé derrière le FPR
D'après
Pierre Péan, essayiste, le FPR manipulerait l'association Survie. Il a vivement dénoncé les méthodes de la commission de 1993, en se fondant, notamment, sur le témoignage d'anciens membres, qui pointent les méthodes extrêmement contestables qui ont alors été employées : à partir de quelques os, le rapport affirme qu'il existe certainement plusieurs charniers. Peu après le passage de cette commission, les troupes du Front patriotique rwandais ont massacré des Hutus, notamment le bourgmestre, accusé sans aucune preuve d'avoir dirigé des massacres de Tutsis.
Dans un chapître du livre de Pierre Péan, Stephen Smith répondra indirectement que ces attaques viennent de ses articles sur le génocide rwandais, selon lesquels la France, si elle peut être critiquée, ne mérite pas les reproches de Survie, cependant que le FPR a commis de nombreux crimes (massacres, purification ethnique assassinats politiques). Stephen Smith dénonce donc une connivence entre Survie et le FPR.
Il continue d'appuyer ces accusations, soutenu par Charles Onana, André Guichaoua et Claudine Vidal, sur le fait que Jean Carbonare — président de Survie entre 1984 et 1995, et président d'honneur depuis — serait devenu en 1995 le plus influent conseiller de Paul Kagame et sur le témoignage de Joseph Ngarambe, ancien collaborateur de Jean Carbonare.
Pierre Péan est actuellement poursuivi par SOS racisme pour incitation à la haine raciale, pour son livre « Noires fureurs, blancs menteurs ».
Filip Reyntjens, qui a pourtant formulé plusieurs critiques contre le livre de Pierre Péan, lui reconnaît le mérite d'avoir vu juste dans son analyse des réseaux du FPR en France et en Belgique. Dans son livre, M. Péan cite des propos de M. Reyntjens, ainsi que d'autres spécialistes de l'Afrique, comme Pierre Erny et René Lemarchand, critiquant les méthodes de Jean-Pierre Chrétien, directeur émérite du CNRS, historien spécialiste de l' Afrique des grands lacs et proche de Survie, accusé de confondre le militantisme pro-FPR et l'étude scientifique, voire, selon M. Reyntjens, de porter une responsabilité dans le génocide des Tutsis, par une action de désinformation systématique, servant les desseins du FPR et attisant les haines mutuelles.
L'association est accusée, par Pierre Péan et certaines personnes qu'il a interrogées, d'avoir:
- été manipulée par le président rwandais Paul Kagame ;
- occulté l'aspect criminel du régime du FPR, qui aurait délibérément pris le risque d'un génocide pour pouvoir prendre le pouvoir, et commis des massacres de hutu avant 1994 ;
- propagé de fausses informations : tueries mis sur le compte des Hutus avant le génocide mais en réalité commises par le FPR ; assassinat du président Habyarimana soi-disant commis par les extrémistes hutus avec la complicité des services français, mais en réalité commis par le FPR ;
- accusé injustement la France, qui aurait été le seul pays à avoir tenté d'intervenir ;
- utilisé un réseau protestant anti-catholique (qui serait en partie à l'origine de certaines accusations envers le clergé local), ayant réussi à convaincre une partie de la gauche, dont Bernard Kouchner et Michel Rocard, et une large partie de l'extrême gauche.
Le journaliste Charles Onana a porté des accusations similaires. Il indique, notamment, que M. Carbonare avait pris la défense du régime rwandais, dans une lettre au quotidien Le Monde, en donnant une liste de dirigeants Hutus, qui, selon le président d'honneur de Survie, n'avaient pas l'intention des « jouer les figurants ». Or, tous ces dirigeants ont démissionné (comme Faustin Twagiramungu), ont été emprisonnés (comme Pasteur Bizimungu) ou auraient été assassinés par le FPR (comme Seth Sendashonga). M. Onana souligne également que Survie, et notamment sa vice-présidente Sharon Courtoux, affiche son amitié avec Son Excellence M. Jacques Bihozagara, amabasseur du Rwanda en France, et qui est accusé de responsabilités dans le massacre de Kibeho (5 000 à 8 000 réfugiés Hutus massacrés en quelques jours, selon l'ONU).
M. Onana pointe la contradiction qu'il y aurait entre la position de principe de Survie (dénoncer tous les crimes commis en Afrique, notamment le pillage de ressources), et son silence total sur les massacres du FPR, ainsi que sur le pillage du Congo par son voisin rwandais.
Critiques visant des membres de Survie
À propos de F.-X. Verschave, ancien président de Survie, M. Onana écrit : « Verschave ne connaît pas l'Afrique. Il a joué sur l'émotion et la souffrance objective des Africains. [...] C'est sur cette “fraternité coloniale” que Survie fait cuire ses épinards avec beaucoup de beurre. » M. Onana précise aussitôt ce qu'il entend par « beurre » en citant le témoignage d'Annick Nedelec, militante associative qui a oeuvré pour les enfants rwandais vivant dans des camps de réfugiés, et connaît le pays depuis 1976. Elle évoque des fonds qui auraient été récoltés par Survie, au printemps 1994, et qui auraient disparu. Elle dit avoir vu dans les locaux de Survie un équipement impressionnant. Elle s'indigne enfin que, de son propre aveu, F.-X. Verschave ne soit jamais allé au Rwanda, et se permette pourtant de qualifier
Juvénal Habyarimana de « nazi tropical de la pire espèce » et de « dictateur sanguinaire ».
Le positionnement politique
.
L'association affirme n'avoir d'exclusive à l'égard d'aucun groupe politique, sauf avec l'extrême droite.
Les responsables de l'association affirment que c'est avec le mouvement alter-mondialiste, les Verts, le parti communiste et le Mouvement des jeunes socialistes, que les relations sont les plus actives actuellement dans les faits. Lors de son combat pour promouvoir une autre politique de coopération, entre 1984 et 1993, des maires et des députés centristes et de droite ont aussi participé à ses travaux. Survie a organisé plusieurs colloques à l'Assemblée nationale française et au Sénat français. L'association affirme n'avoir pour ambition que de faire évoluer la classe politique sur les questions relatives à la politique de la France en Afrique.
Également, si le président Nicolas Sarkozy met à exécution ses déclarations de vouloir combattre la Françafrique, il rejoint le thème principal de Survie.
Citations
François-Xavier Verschave (ancien président de l'association) : "
Survie est une extraordinaire preuve de la force de l'interpellation non-violente. Combien d'élus, de tous bords, sont finalement reconnaissants qu'on les rappelle aux choses essentielles - et sont devenus à leur tour militants ! Notre société est loin d'être parfaite, mais elle nous laisse la possibilité de parler, d'élire des représentants, de les interpeller : ces libertés, trop rares, on peut les faire vivre, et en obtenir énormément, si on veut y croire, c'est-à-dire si on brise les innombrables autocensures du fatalisme, de la crainte, de l'indifférence, de la sacralisation ou du mépris du politique. On a vu, en Europe de l’Est, l'énergie considérable que peut libérer la fin de certaines autocensures. (...) Survie ne vit que de telles libertés. Elle en a besoin pour aller au bout de son combat. »
Voir aussi
Collectifs et associations auxquels Survie participe
- Centre de recherche et d’information pour le développement, le CRID
- Biens Publics à l’Échelle Mondiale
- Commission d'enquête citoyenne sur l'implication de la France au Rwanda
- Oxfam France-Agir ici
- Attac
Liens internes qui concernent les objectifs de Survie
Membres connus de l'association
Liens externes
Références